-----Mensaje original-----
Enviado el: martes, 28 de junio de 2011 15:38
Para: Lourties marie
Asunto: Coup dur...
Chère Marie,
Lorsque j'ai reçu ton message du 24 juin, je ne pouvais tellement pas croire à ce "sine die" que je l'ai inconsciemment traduit par "temporairement". Et Dominique a reçu un mail plus explicite, et il y a eu celui d'Andrès. Comme tu peux l'imaginer nous sommes stupéfaits. Et tellement désolés pour toi pour commencer, et pour Magalie pour qui tout cela a du être très dur, doit être très dur encore.
Je pense à cette énergie fantastique que vous avez mise l'une et l'autre à monter ce projet. Cela avait du mobiliser tant de journées et soirées de travail, tant de réflexions, et tant d'implication personnelle. Cela n'a pu se faire sans de grands moments de doute, de remises en cause, de conscience de la folie que cela représentait . Il a donc fallu un désir fantastique qui soit à la mesure de ces difficultés. Je t'avoue que j'ai ressenti tout cela très fort quand je vous ai vues jouer. Je te l'ai dit, cela m'a bouleversée. En particulier que tu sois capable de te proposer une aventure d'une telle ampleur, et aussi, de convaincre Magalie d'emboiter le pas. Cela révèle une force peu commune, que j'admire totalement.
Et de ce fait même, cela s'accompagnait d'une crainte. Surtout quand je vous voyais jouer devant de si rares spectateurs... Ces 3 soirées -inoubliables- pour nous deux... Cela me paraissait fou. D'une folie que j'aime ! Oui, j'aimerais en être capable... Mais, aussi, avec le risque que l'on ne puisse tenir le coup jusqu'au bout... Mais, qu'est-ce que "le bout" ? Je trouvais cela particulièrement dur pour vous. On a besoin d'un minimum de reconnaissance de ce que l'on a créé, non ? C'était donc aussi oser courir ce risque. Je suis totalement admirative, sais-tu ? Et je me dis aussi que tu dois aller assez mal, que cela doit être particulièrement difficile de vivre ces journées qui suivent cette décision que tu as su prendre avec un tel courage ! Comment parviens tu à ne pas sombrer dans une sorte de dépression ? Comment t'aider ? Nous sommes bien loin... Peut-être "mettre les bouts" ? Partir pour votre voyage plus tôt qu'il n'était prévu ?
Et surtout, te remémorer tout ce qui fut formidable dans cette aventure. Nous ne sommes pas prêts d'oublier ces 3 soirées, et ne saurons jamais vous remercier à la hauteur de ce que vous nous avez donné à vivre.
Peut-être as-tu déjà idée de la nouvelle création que tu vas te proposer ? Sinon, cela ne saurait tarder, je te fais confiance.
Tu nous donnes des nouvelles ? Je t'embrasse avec beaucoup d'affection,
Geneviève
PS. Peux tu transmettre nos amitiés à Magalie et la remercier elle aussi de nous avoir permis de vivre ces moments très privilégiés avec vous ?=
Oui, un coup dur. Bien sûr, je savais bien que je courais un grand risque mais la déception est énorme.
Depuis un certain temps, depuis que nous avons commencé à jouer même, je voyais que Magali se comportait de façon irresponsable, qu'elle ne se soignait pas, qu'elle dormait trés -trop- peu, qu'elle ne mangeait rien, qu'elle courait de plus en plus de droite à gauche comme une poulette sans tête, bref, que le spectacle lui faisait terriblement peur et qu'elle le fuyait. Et voilà... ça arrive tu sais, et en fait, trés souvent. Sarah Bernhardt l'a dit, quand on lui demandait quelles étaient les qualités qui faisaient une grande actrice elle répondait: avoir une trés bonne santé, physique et mentale.
Magali n'a pas tenu le coup. C'était la première fois qu'elle jouait vraiment et ça a a été trop pour elle. Ce qui m'attriste beaucoup, c'est qu'elle est devenue agressive avec moi, comme une sale môme de 14 ans. Bien sûr, je sais bien qu'elle ne va pas bien du tout et je ne lui en veux pas mais je n'ai plus confiance en elle et donc plus aucune envie de travailler avec elle. Le théâtre, c'est ça aussi. Il faut savoir prendre ses responsabilités, on n'a pas le droit de se comporter comme ça. Mais en même temps, ça rend trés facilement les gens fous, hystériques, ça les déborde.
Si bien que, au jour d'aujourd'hui, je sais que si j'arrive à reprendre ce spectacle, ce ne sera plus avec elle. Et qu'il faudra donc le refaire, pas seulement le reprendre. J'y pense déjà.
Je suis assez tenace, comme tu vois, mais je dois reconnaître que l'appui, la solidarité, l'affection que je reçois de tous côtés m'encouragent. D'abord, quand nous avons joué et maintenant, à la suite de cette interruption. C'est ça aussi le théâtre, c'est une chimie trés particulière qui se passe entre les gens qui le vivent, d'un côté ou de l'autre de la rampe et qui en fait un évènement irremplaçable et magnifique. Terrible aussi parfois. Jamais tiède.
En tous cas, je m'occupe de pouvoir le présenter dans de meilleures conditions de relations publiques ou de communication ou de pub, je ne sais plus comment ça s'appelle cette chose là mais je sais que ça existe. Maintenant que je sais qu’il est réussi. En fait, je ne fais qu'avancer ce que je pensais faire à partir de l'automne. J'ai quelques idées en tête et... on va voir. J'aimerais bien aussi le jouer dans un grand théâtre. Bref... on continue.
Et, pour le moment, je me suis remise à chanter. Je voudrais faire un tour de chant Brassens. Je prépare un petit CD, trois chansons, pour aller voir si l'Institut Français de Madrid me le prendrait.
Chanter, c'est délicieux, trés amusant, beaucoup moins fatigant que le théâtre. En plus, c'est toutes des chansons que je connais, peu d'effort donc et beaucoup d'avoir du goût comme disait Colette.
Encore merci.
Je vous embrasse trés fort tous les deux,
Marie